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La psychanalyse, disait Dolto, c'est apporter à chaque séance un message inconnu de soi-même et qu'un autre perçoit parce qu'il est payé pour y être attentif et pour se projeter le moins possible. C'est une aventure revécue de sa propre vie. Rares sont aujourd'hui encore ceux qui connaissent les bienfaits véritables de cette technique d'utilité publique inventée par Freud. Aussi remarquable que subversive, cette pratique profondément éthique se détermine d'un lien social à deux inédit et permet à celui qui en bénéficie - enfant, adolescent ou adulte - de retrouver dans le parler ce qu'il lui faut de jouissance, de courage et de détermination pour que son histoire continue. Elle révolutionne de surcroît son rapport à lui-même, aux autres et au monde. Bienvenue. Cécile Crignon

Refuser à la patiente avide d'amour la satisfaction qu'elle réclame. ( Freud )

- J'ai déjà fait entendre que la technique analytique impose au médecin l'obligation de refuser à la patiente avide d'amour la satisfaction qu'elle réclame.

Le traitement doit se pratiquer dans l'abstinence, je n'entends pas parler seulement de l'abstinence physique, toutefois il ne convient pas de priver les malades de tout ce dont ils peuvent avoir envie, ce qu'aucun d'entre eux, sans doute, ne supporterait. Non, je me contente de poser en principe qu'il faut laisser subsister chez le malade besoins et désirs, parce que ce sont là des forces motrices favorisant le travail et le changement. Il n'est pas souhaitable que ces forces

se trouvent diminuées par des succédanés de satisfactions. Au reste, puisque les malades, du fait de leur état et tant que les refoulements n'ont pas été levés, sont incapables de ressentir des satisfactions véritables, on serait bien empêché de leur offrir autre chose que des satisfactions substitutives.

 

[...] 

 

Si les avances de la malade trouvaient un écho chez son médecin, ce serait pour elle un grand triomphe — et un désastre total pour le traitement.

 

La malade aurait obtenu ce que cherchent tous les patients : traduire en actes, reproduire dans la vie réelle, ce dont elle devrait seulement se ressouvenir et qu'il convient de maintenir sur le terrain psychique en tant que contenu mental.

 

Au cours ultérieur des relations amoureuses, surgiraient toutes les inhibitions, toutes les réactions

pathologiques de sa vie amoureuse, sans qu'il soit possible de les corriger. Cette liaison s'achèverait dans le remords et dans un renforcement considérable des tendances de la malade au

refoulement. Les relations amoureuses, en effet, détruisent l'influence du traitement analytique, une combinaison des deux étant inconcevable.

 

En ce qui concerne l'analyse, satisfaire le besoin d'amour de la malade est aussi désastreux et aventureux que de l'étouffer.

 

La voie où doit s'engager l'analyste est tout autre et la vie réelle n'en comporte pas d'analogue.

 

Il doit se garder d'ignorer le transfert amoureux, de l'effaroucher ou d'en dégoûter la malade, mais également, et avec autant de fermeté, d'y répondre. Il convient de maintenir ce transfert , tout en le traitant comme - quelque chose d'irréel, comme une situation qu'on traverse forcément au cours du traitement et que l'on doit ramener à ses origines inconscientes, de telle sorte qu'elle fasse resurgir dans le conscient tout ce qui, dans la vie amoureuse de la malade, était resté le plus secret et qui maintenant pourra aider cette dernière à le contrôler.

 

Plus l'analyste donne l'impression d'être bien armé contre toute tentation, plus tôt il arrive à extraire de la situation son contenu analytique. La patiente, dont le refoulement sexuel n'est pas encore supprimé mais simplement repoussé à l'arrière-plan, se sent alors suffisamment en sécurité pour permettre à toutes ses possibilités amoureuses, à tous les fantasmes de ses désirs sexuels, à tous les caractères particuliers de ses aspirations amoureuses, de venir au jour et,  partir de ceux-ci, elle va d'elle-même trouver une voie vers les fondements infantiles de son amour.

 

( Freud, La technique psychanalytique, PUF, 1953, pp. 122-125 )

 

 

 

 

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