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La psychanalyse, disait Dolto, c'est apporter à chaque séance un message inconnu de soi-même et qu'un autre perçoit parce qu'il est payé pour y être attentif et pour se projeter le moins possible. C'est une aventure revécue de sa propre vie. Rares sont aujourd'hui encore ceux qui connaissent les bienfaits véritables de cette technique d'utilité publique inventée par Freud. Aussi remarquable que subversive, cette pratique profondément éthique se détermine d'un lien social à deux inédit et permet à celui qui en bénéficie - enfant, adolescent ou adulte - de retrouver dans le parler ce qu'il lui faut de jouissance, de courage et de détermination pour que son histoire continue. Elle révolutionne de surcroît son rapport à lui-même, aux autres et au monde. Bienvenue. Cécile Crignon

Angoisse

Angoisse

- Les enfants eux-mêmes se comportent très tôt comme si leur attachement à la personne qui les soigne était de la nature de l'amour sexuel.

L'angoisse des enfants n'est rien d'autre à l'origine que l'expression du fait que la personne aimée leur manque; de ce fait, ils abordent chaque étranger avec angoisse; ils ont peur dans l'obscurité, parce qu'on n'y voit pas la personne aimée, et s'apaisent s'ils peuvent lui tenir la main dans le noir.

On surestime les effets de toutes les terreurs enfantines et de tous les contes de nourrices effrayants, lorsqu'on leur attribue la responsabilité de l'anxiété des enfants. Les enfants qui ont un penchant à l'anxiété sont les seuls à retenir de telles histoires qui ne feraient absolument aucune impression à d'autres; et seuls les enfants dont la pulsion sexuelle est excessive ou prématurément développée, ou encore rendue exigeante par les cajoleries, ont un penchant à l'anxiété.

L'enfant se comporte à cet égard comme l'adulte en transformant sa libido en angoisse dès lors qu'il est incapable de la mener à la satisfaction; et, en revanche, l'adulte devenu névrosé en raison d'une libido insatisfaisante, se conduira dans son angoisse comme un enfant, se mettra à éprouver de la crainte dès qu'il sera seul, c'est-à-dire en l'absence d'une personne sur l'amour de laquelle il croit pouvoir compter, et cherchera à apaiser son angoisse au moyen des mesures les plus puériles (1).

(1) Je dois l'explication de l 'origine de l'angoisse enfantine à un garçon de trois ans que j'entendis un jour supplier du fond d'une chambre obscure : " Tante, parle-moi; j'ai peur, parce qu'il fait si noir. " La tante répliqua: " À quoi cela te servira-t-il, puisque tu ne peux pas me voir?" "Ça ne fait rien, répondit l'enfant, du moment que quelqu'un parle, il fait clair."

( Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, [126] )

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